Microsoft Technology Summit : conclusion

    16:47 15 04 2006

Voilà, le voyage se finit aujourd’hui pour Cyril et moi (nos trois collègues Français sont, eux, déjà repartis avant hier). Nous sommes restés deux jours de plus afin de ne pas avoir fait l’aller-retour au dessus de l’atlantique juste pour rester enfermés dans les salles de conférence de M$ pendant trois jours.
Notre avion décolle dans quelques heures et je doit avouer que je suis plutôt content d’aller retrouver ma femme et mon fils.

Conclusion de ces trois jours de conférences:

M$ essaye de faire évoluer son image auprès des communautés, je pense qu’ils se sont enfin rendus compte que le mouvement OpenSource prend de plus en plus d’ampleur et que la méthode de l’autruche ne les menera pas loin. Leur discours officiel se base principalement sur l’interopérabilité des technologies Microsoft et Open Source.

A côté de cela, nous avons également pu entendre comme réponse à une question sur le portage de M$ Office sur Linux : « Nous n’avons rien contre mais le marché Linux n’est pas assez important, il n’est donc pas rentable d’y investir pour une société comme Microsoft qui base son modèle sur la vente de licences en masse ».

Mais alors qu’en est il d’Apache, par exemple, qui domine largement le marché? La rentabilité serait au rendez vous. Alors pourquoi M$ n’as t-il toujours pas investi pour offrir sa propre solution .NET sur Apache?

Ce double discours, d’après moi, montre bien que l’interprétation du mot « interopérabilité » et l’implication de Microsoft dans l’OpenSource reste très ambigue et orientée.

Au final, l’utilisation que M$ fait de sa « Microsoft permissive licence » (licence OpenSource à la sauce M$) sonne encore faux à mes oreilles. Quel est, par exemple, l’objectif de microsoft en publiant une partie de son Framework ajax (ATLAS) sous cette licence, sachant que ce Framework est plus que fortement lié à son éditeur Visual Studio?

Le mouvement OpenSource ne se limite pas à l’utilisation de licences ouvertes, nous sommes tous emprunts d’un certain état d’esprit fortement lié à la notion de partage.

Les ennemis jurés de Microsoft, SUN et IBM, ont su prendre ce virage, intégrer cet état d’esprit à leur façon d’interagir avec la communauté en se lançant dans de vrais projet et en donnant beaucoup (Eclipse, Open Office…). En retour, leur image et leur business en a largement profité. Pourquoi? Par ce que la communauté n’a pas eu l’impression d’être roulée dans la farine!

Le business n’est pas quelque chose de honteux, bien au contraire. Toutes les sociétés impliquées dans l’OpenSource ont pour objectif de faire de l’argent bien évidemment, mais en respectant certaines valeurs, en ne donnant pas uniquement dans l’objectif de récupérer plus (ou en le cachant bien ;-) ).

Reste maintenant à voir comment M$ va gérer la suite. J’espère sincèrement que ce sentiment de manipulation et d’exploitation va s’estomper grâce à des actions fortes, concrètes et que M$ finira par devenir MS, cela ne pourrait qu’être bénéfique à l’ensemble de l’environnement informatique.

A suivre…

Romain


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4 réponses à “Microsoft Technology Summit : conclusion”

17 04 2006
Bistory (13:10:02) :

On ressent encore maintenant le manque d’ouverture avec des « programmes » comme Internet Explorer… tout le monde réclame un meilleur support du css 2, ils l’ont fait, ok, IE 7 est en bêta MAIS que faut-il pour y avoir accès ? Une license officielle de Windows SP2, non mais il faut pas abuser non plus, c’est pas du tout une solution…
D’un autre côté, il faut reconnaître que Windows est une réussite (si on oublie les trous de sécu, Windows Me,…) car jamais l’informatique n’aurait pu être aussi accessible à l’utilisateur lambda…
D’ailleurs, quand on voit des distribution non-officielles de windows, qu’y a-t-il d’installé dessus comme programmes ? De l’open-source, photoshop et rien d’autre, surtout pas de M$ !

Oulah, j’ai encore écrit une tartine moi :s

A+ Roms !

17 04 2006
dval (22:16:07) :

« nous sommes tous emprunts d’un certain état d’esprit fortement lié à la notion de partage.  » : ça c’est bien ce qui compte le plus.
Et c’est ce qui crée et maintient les meilleures relations à tous niveaux et pas seulement en informatique…
C’est sur ce genre de philosophie que la société humaine évolue et continuera encore (du moins j’ose l’espérer) de nombreux siècles encore.
Ceci dit (le lundi de Pâques !) il est tard et les lapins doivent se coucher. A+
et encore merci Romain pour tes commentaires savoureux de ces derniers jours.
Dval.

1 05 2006
Robert SUBLIMIS (07:02:35) :

Salut tout l’monde,

Moi je retrouve encore sur ce blog une amalgame assez forte entre le libre et le gratuit, le Freesoftware et l’Open source. En lisant les discours des uns et des autres, j’ai plutôt l’impression que nous ne parlons pas de la
même chose.

Certains parlent d’une philosophie, tandis que d’autres parlent d’ingénierie.
Mais combien se souviennent que la marque Open source a d’abord été créée pour mettre de côté toute connotations politique et philosophique du logiciel libre ?

Cet amalgame se retrouve malheureusement chez le consommateur de base. Un jeune e-commerçant m’avoue faire ses courses uniquement sur Sourceforge et sur E-mule. Il ne mettra pas de bannières open source sur son site parce que le CPC n’est pas assez élevé. Il n’est pas là pour apprendre à coder mais pour gagner de l’argent.

Les puritains pudibonds diront que c’est outrageant mais voilà des sentiments que je ne partage pas car si on se fie à la lettre, ce qui est donné gratuitement ne devrait côuter absolument rien. Sinon il existe une monnaie d’échange que vous avez oublié de préciser.

Bien que contributeur de l’Open source, je voudrais qu’on mette au clair ce que vous appelez notion de partage et qu’on distingue bien l’ingénierie de la philosophie. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas besoin de croire à une idéologie du partage pour coder. Point. On peut le faire pour le plaisir et ne pas en faire un code moral.

Rappelons aux jeunes que la notion de partage n’est pas un mot sans conséquence et que le gratuit n’est pas synonyme de liberté. Parmi tous ceux qui téléchargent des dizaines de logiciels par mois sur E-mule ou sur Sourceforge, combien ce sont un jour posé les questions qui suivent :

-pourquoi c’est gratuit ?
-est-ce que ce produit m’est destiné ?
-quel est mon rôle dans ce marché ?
-à qui profite le gratuit ?
-qu’est-ce-que le gratuit ?

Le gratuit, c’est l’abnégation, c’est l’amour pur, c’est la liberté.
A partir du moment où ce qui est gratuit est synonyme de liberté, ce qui ne l’est pas est synonyme d’esclavage. Le héros de la liberté c’est celui qui contribue à éradiquer le culte de l’argent et le monde du payant. Nous évoluons vers une société où les pauvres et les riches ont droits aux mêmes faveurs.

Le problème c’est que cette philosophie est un leurre :

Le gratuit me permet d’économiser mon argent pour le dépenser dans mes loisirs. A qui profite l’Open source ? Qui dépense son argent dans des loisirs aujourd’hui ?

Je peux avoir tout ce que je veux sans travailler. Il suffit d’acheter Open Source. A qui profite l’Open source ? Quelle est la main d’oeuvre de cette nouvelle économie de marché ?

Ce qui n’est pas gratuit doit le devenir, alors je cracke les logiciels payants. A qui profite l’Open source ? Qui rêvait d’un monde où tout le monde devait s’habiller chez le même manufacturier et sacrifier sa propriété (intellectuelle ?) au collectivisme ?

En matière d’open source, on ne fait que remplacer une monnaie d’échange par une autre. C’est une nouvelle forme de marché et d’économie. Mais au fond, il s’agit toujours du traffic d’objet, socle du consumérisme occidental. Alors ma dernière question est de savoir à qui profite la philosophie dite Open source qui n’a rien à voir avec l’ingenierie Open source :

-aux adeptes qui croient enfin avoir donné un sens à leur existence, en contribuant à une cause sacrée ?

-aux commerçants qui crient vive l’open source sans jamais avoir fourni le moindre effort de guerre ?

-aux fondamentalistes qui croient qu’une valeur morale peut devenir une fin pour tous ?

…c’est de l’ésotérisme !

Que dit le matérialisme éthique ?

Aucune valeur morale ne peut être transcendante ou universelle puisqu’elles sont toutes issues des cultures humaines. Une valeur morale est donc un phénomène que l’on peut étudier comme on étudie une molécule en physique ou un langage en philologie.

La valeur morale est une conséquence humaine dépendant des contextes, des histoires individuelles et collectives. ELLE NE S’APPLIQUE PAS INVARIABLEMENT EN TOUT POINT DE L’UNIVERS. Il n’y a donc pas d’universalisme en matière de morale.

L’homme est indépendant de ses valeurs morales car il en est le créateur.
Toute sacralisation de ces valeurs idéalistes ou réalistes est dangeureux !
Une valeur morale est adaptée à un contexte bien défini dans le temps. Elle ne peut donc pas constituer une fin pour tous.

Ainsi pour la notion de « partage ». Un mot à la mode !

Robert SUBLIMIS

30 05 2006
dval (15:30:27) :

bon : à celui qui écrit
« Le gratuit me permet d’économiser mon argent pour le dépenser dans mes loisirs. A qui profite l’Open source ? Qui dépense son argent dans des loisirs aujourd’hui ? »

je répondrai :
« intéresse-toi au php dans ton métier ou tes loisirs, installe Wamp, intéresse-toi bientôt de plus en plus au php et achète l’excellent livre de Cyril ;-) et peut-être complète le tout par une formation Anaska) »

Ainsi la boucle sera (bien) bouclée.
Ainsi l’OpenSource est utile, gratuitement, et rapporte également.

Amen.